Dans la région nantaise, une entreprise dédiée à la création de CV est un bon élève en la matière.
Il s’agit de Do You Buzz. Nous avons échangé avec Jeremie Pottier, son product manager et co-fondateur et Aude Bouillot, collaboratrice en tant que designeuse et développeuse qui a rejoint la société en 2019.
Nous avons donc échangé autour des différentes conditions de flexibilité : flextime, télétravail, vacances illimitées… Un vrai cas d’école. On a voulu en savoir plus !
Cas pratique : l’organisation de travail de
Do You Buzz
Parole à Jérémie Pottier
Les horaires flexibles chez Do You Buzz ont été mis en place dès le début de l’aventure ou bien après quelques années ?
Nous n’avons jamais été très à cheval sur les horaires mais au bout de quelques années, nous avons eu une vraie discussion sur ce que nous attendions de notre mode de fonctionnement et nous avons décidé consciemment que c’était l’une de nos politiques internes.
Cela change les choses car à partir du moment où un mode de fonctionnement est décidé, on peut en discuter, le faire évoluer, en remettre en questions certains aspects, etc.
En tant que manager, quelle est la notion la plus importante selon vous avec les horaires flexible/télétravail ?
Personnellement, ce qui me semble important, c’est que chacun puisse s’organiser en fonction de ses contraintes et de ses projets personnels. On a tous des vies et des projets différents, donc si on met en place un mode d’organisation trop rigide, il y a forcément des gens qui ne vont pas s’y retrouver, qui vont par exemple devoir compenser dans leur quotidien pour répondre aux exigences de l’entreprise, là ou d’autres s’y retrouveront parfaitement.
L’idée est donc de trouver un compromis intelligent entre flexibilité de l’organisation et engagement personnel pour que les projets collectifs puissent avancer. Cela ne peut se faire que si on a confiance les uns envers les autres, et si on se sent tous impliqués dans le projet d’entreprise (à ce sujet : tous les salariés sont actionnaires et parties prenantes dans les décisions).
Avez-vous constaté un boost de productivité ?
On a été très attentif à ce que ça ne nous freine pas dans nos projets (notamment quand nous sommes passés à la semaine de 4 jours) et nous avons été rassurés sur ce point.
C’est tout bête mais quand on a des bonnes conditions de travail, ça donne envie de rester ! Au final, ça donne une équipe qui se connaît bien depuis longtemps, qui connaît bien l’organisation, les produits, les clients, les méthodes de travail. Sur la durée, le gain que cela procure me semble considérable.
Avez-vous des exemples concrets à nous partager autour de l’aménagement vie pro/perso d’un collaborateur ?
Les exemples les plus marquants ? Ce sont les déménagements. Même si historiquement nous sommes basés à Nantes, nous avons été plusieurs à déménager — parfois assez loin de Nantes — pour mener des projets de vie personnels. Nous sommes désormais la moitié à habiter trop loin pour se voir plusieurs fois par semaine sur Nantes. Avant le télétravail, il aurait fallu changer nos projets de vie perso, ou démissionner !
Pour ma part, je vais bientôt passer 3 mois aux Etats-Unis en famille car ma femme a un projet professionnel là-bas. Comment aurions-nous fait sans cela ? Aucune idée !
Et bien sûr il y a tous les petits arrangements du quotidien qui représentent la majorité des exemples : les RDV médicaux, les grèves d’école ou de périscolaire, les RDV avec des artisans pour des travaux, etc.
Toutes ces petites choses qui nécessitaient avant de trouver un arrangement spécifique peuvent désormais s’intégrer dans le quotidien beaucoup plus simplement.
Est-ce vraiment un élément de recrutement fort, notamment sur des postes tendus ?
Bien sûr, les conditions de travail sont importantes dans un recrutement, ça en fait donc partie. Surtout que le télétravail est en train de devenir la norme dans certains métiers (je pense aux développeurs), ne pas le proposer va donc de plus en plus être perçu comme rétrograde.
Les plus et les moins de la flexibilité des horaires ?
Le gros avantage, c’est que chacun s’y retrouve dans cette organisation. On se rend tous compte qu’on a beaucoup de chance de travailler comme ainsi et d’avoir cette flexibilité. L’inconvénient majeur : quand on a besoin de quelqu’un et que cette personne n’est pas disponible immédiatement. Au départ en tout cas, c’était problématique. Mais cette contrainte nous a appris à nous organiser différemment, à mieux anticiper.
Ce problème de disponibilité se retrouve parfois encore aujourd’hui, mais c’est souvent l’histoire d’une ou deux heures, ça n’a donc jamais été critique.
Demain, quelles améliorations souhaitez-vous mettre en place pour l’organisation et le bien-être de vos collaborateurs ?
Aucune idée ! Mais ce n’est pas grave, car chacun est moteur pour amener des améliorations.
Nous nous réunissons tous les 2 mois pour faire le point sur ce que nous pouvons améliorer dans notre manière de travailler, et c’est lors de ces discussions que des nouvelles idées peuvent émerger. En procédant de la sorte, les améliorations arrivent de situations concrètes vécues par les uns et les autres, donc on est rapidement dans le concret.
Je parle un peu plus de notre mode de décision dans cet article !
Place à Aude Bouillot
Depuis quand êtes-vous chez DYB, votre poste a-t-il évolué ?
Novembre 2019. J’ai été embauchée comme designeuse/développeuse et mon poste n’a pas évolué depuis (en même temps, il me convient parfaitement et je ne l’ai pas demandé)
Que préfères-tu dans cette organisation et que trouves-tu moins évident au quotidien ?
Je gère mon emploi du temps comme je veux. Je peux écouter mon rythme et mes limites. Si par exemple j’ai très mal dormi une nuit et que je n’ai pas d’urgences à traiter, je peux dormir un peu plus longtemps et finir plus tard le soir, et j’ai donc une qualité de vie bien meilleure qu’avant.
C’est aussi beaucoup plus pratique avec les enfants, en cas de grève ou s’ils sont particulièrement fatigués ; je vais les chercher plus tôt à l’école et je rattrape le soir.
Avec la semaine de 4 jours, je peux aussi m’occuper de mes enfants tous les mercredis au lieu de les mettre au centre aéré (et de me dire : « Pourquoi j’ai fait des enfants, je ne les vois jamais ! »).
La vie perso et la vie de famille sont donc largement privilégiées avec ce type d’organisation.
Pour ce qui est moins évident, j’aimerais bien voir mes collègues plus souvent car on s’entend vraiment très bien, mais cela ne me dérange pas au point de remettre en question notre mode de fonctionnement.
Serais-tu capable de revenir à un rythme plus « classique » pour une augmentation de salaire de 200 euros nets par mois ?
Jamais !!
As-tu des exemples concrets rendus possibles grâce à cette modulation flextime et au télétravail ?
Mon fils de 4 ans voulait absolument que je l’accompagne à une sortie scolaire et j’ai pu le faire sans soucis. Autre fait possible avec cette organisation, je suis aussi famille d’accueil pour des chatons abandonnés car je suis chez moi toute la journée ????
Fin imminente du métro-boulot-dodo ?
Pour les salariés comme pour les managers, le timing de présence réinventé (horaires flexibles ou contrat de travail de 4 jours) et le lieu de travail (télétravail normalisé depuis 2020) doivent être abordés ensemble et non plus de manière descendante, comme on pu le connaître les générations de travailleurs précédentes, c’est ce que nous avons pu confirmer avec Jérémie et Aude de chez Do You Buzz.
32 % des travailleurs interrogés refuseraient un emploi sans flexibilité des horaires, selon le Rapport Annuel sur le Travail Hybride d’Owl Labs.
Il y a une véritable crise du recrutement et une raréfaction des profils sur des métiers de service : le commerce et la restauration en font partie, notamment. Dans le tertiaire, la rareté s’est installée dans les métiers de la tech (ingénieurs informatiques) et les cadres administratifs, comptables et financiers.
C’est le cas des professionnels de la comptabilité, très chassé et convoités.
Certaines entreprises opèrent des changements profonds pour retenir leurs collaborateurs en place mais également par soucis d’attractivité. C’est un élément de différenciation important et significatif pour les métiers en tension. Les entreprises qui se distinguent voient leurs candidatures augmenter de 150 % en moyenne par rapport à leur schéma précédent (exemple : passer de la semaine de 5 jours à 4).
Mais alors, cette modulation du temps et du lieu de travail, est-elle vraiment gagnante pour tous ?
Le temps passé au bureau se réinvente
Les figures de proue de cette révolution entre télétravail et flextime ? Les métiers du tertiaire pour qui la mise en place est la plus simple. Ils ont l’avantage de part leur méthode d’organisation : outils numériques et possibilité de travailler en distanciel. En effet, la visioconférence, le cloud et le serveur, la messagerie instantanée… Ce sont autant d’atouts pour la mise en place d’une flexibilité, faisant parfois passer le bureau comme option et non plus comme lieu incontournable de travail.
Le rapport annuel Owl Labs soulève également que la répartition idéale pour les salariés est la suivante : trois jours en présentiel et deux jours en télétravail.
Le déploiement du flexoffice (comprendre bureau flexible, plus d’espace attitré) est également un élément important dans la redéfinition des formats.
Ne plus avoir un bureau fixe permet de réinventer le quotidien et d’éviter la routine (qu’on travail lors de la même semaine de chez soi, en coworking ou sur site).
C’est une gymnastique qui décomplexe l’appartenance. Pourquoi avoir un bureau quand on peut en avoir 15 par exemple ? Ceci permet de travailler avec peu, un ordinateur et un chargeur. Se débarrasser d’éléments pour revenir à l’essentiel et faire le mieux avec ceci.
On travaille aussi bien sur son lieu de villégiature (on parle de tracances) qu’au bureau, les missions restent les même, c’est juste le lieu qui change.