La grève coûte cher et tout le monde en paye le prix

4 min Publié le
Josephine Colson Chargée de contenu éditorial

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Pour vous rendre au travail, sur la route ou dans les médias : qu’elle que soit votre situation, la grève a fait et fera partie de votre quotidien dans les semaines à venir.  Même si les indicateurs ne sont pas très fiables (la manière de comptabiliser les conflits n’est pas la même en fonction des pays), la France reste championne du monde du jour de grève par salarié. Mais combien cela coûte réellement ? Quels sont vos droits et devoirs en tant qu’employeur et employé ? Retour sur les fondamentaux d’un système français par excellence.

Combien coûte une grève ?

  • 300 millions

    d’euros en moyenne par jour au gouvernement en 2010 lors de la grève de la réforme des retraites

  • 500 millions

    à AirFrance en 2014 pendant les 2 semaines de contestation des pilotes

  • 20 millions

    d’euros à la SNCF pour chaque jour de grève « carrée » (c’est-à-dire non reconductible)

Comment sont calculés ces sommes ?

Les chiffres ont de quoi donner le tournis : la grève coûte très cher. La perte de productivité représente une grosse partie des sommes : quand les transports ne fonctionnent pas les gens arrivent souvent plus tard et repartent plus tôt. Autant d’heures perdues mais payées par l’entreprise, quand bien même aucun salarié ne fait grève dans la société. Vous êtes donc impacté même si vous ne suivez pas le mouvement.

Par exemple, lors de la grève des pilotes d’AirFrance, le personnel naviguant qui n’était pas en grève a perdu une partie de son salaire. La moitié de ce dernier est en effet calculée en fonction du nombre d’heures passées à bord des avions. Si les vols auxquels ils étaient affectés n’ont pas pu partir faute de pilotes, les hôtesses et stewards ont donc dû se contenter de leur salaire fixe. Une « économie » pour la compagnie mais une perte nette pour eux.

Faute d’avions justement ou même de trains, la voiture est plus utilisée. Cela augmente la consommation de carburant. L’argent utilisé pour faire le plein ne sera pas consommé ailleurs, ce qui va peser sur certains secteurs. Les transports routiers sont directement impactés par cette conséquence : en période de grève une tournée peut être rallongée de 2 à 3h par jour. « Ce sont des heures supplémentaires qui ne sont pas productives car elles sont dues aux files d’attente dans les stations-service et dans les embouteillages » explique la gérante d’une société de livraison. Elle estime que l’impact dû aux perturbations peut s’élever jusqu’à 8% de son chiffre d’affaires.

Les problèmes d’approvisionnement et de trésorerie des PME jouent aussi sur la facture finale. Pour des entreprises comme la SNCF ou AirFrance, les remboursements et dédommagements liés aux annulations de trains ou d’avions viennent compléter la note.

Cependant, il reste très difficile de chiffrer le coût d’une grève : les sommes ne tiennent pas compte des effets de rattrapage.

Sur la productivité par exemple, les salariés qui ont moins travaillé vont souvent rattraper le temps perdu ensuite. On peut observer le même phénomène de report pour la consommation. Il faut donc analyser le coût du mouvement sur l’année et non sur une courte période, explique Mathieu Plane, économiste à l’OFCE.

Droits et devoirs en tant que salarié

Le droit de grève en France est un droit à valeur constitutionnelle depuis la décision Liberté d’association rendue le 16 juillet 1971 par le Conseil constitutionnel. Ce droit, dans le secteur privé, n’est, en principe, autorisé qu’aux salariés. Sachez cependant que l’exercice de ce droit entraîne une suspension immédiate du contrat de travail, ce qui implique que les salariés en grève ne recevront aucune rémunération pendant toute la durée du mouvement.

Qui dit droit dit également devoir. En tant que gréviste vous vous devez de :

  • Respecter le travail des non-grévistes : toute violation de cette obligation peut être légalement reconnue comme un délit d’entrave, et devenir, par conséquence, une cause valide de licenciement.
  • Respecter la personne de l’employeur et des non-grévistes : les actes de violence peuvent entraîner une condamnation pénale, et donnent également le droit aux personnes atteintes de demander une réparation devant la justice
  • Respecter les biens matériels de l’employeur et des non-grévistes : les actes de détériorations peuvent entraîner des conséquences identiques à celles écoulées des actes de violence

Droits et interdictions en tant qu’employeur

L’employeur ne peut pas sanctionner les salariés en grève. Ainsi il ne peut pas les licencier, les remplacer par des intérimaires ou des salariés en CDD, ni même les pénaliser en favorisant les salariés non-grévistes par des avantages sociaux ou une augmentation de leur rémunération.

Cependant il est en droit de :

  • Déduire de la rémunération de chaque salarié gréviste la part qui correspond à la durée de la grève
  • Diminuer ou supprimer les primes liées à la présence d’un salarié au sein de l’entreprise

Le mouvement de grève actuel se termine ce soir mais ne vous réjouissez pas trop vite : il sera de retour dès dimanche et ce tous les 3 jours pendant 3 mois. Il vous faudra donc peut-être privilégié le télétravail pendant cette période !

 

Sommaire

  1. Combien coûte une grève ?
  2. Comment sont calculés ces sommes ?
  3. Droits et devoirs en tant que salarié
  4. Droits et interdictions en tant qu’employeur

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