Harvey Westein, les hastags #balancetonporc et #metoo, le mouvement Time’s up… Que vous suiviez de près ou de loin l’actualité vous avez forcément entendu parler de harcèlement sexuel récemment. Cette semaine c’est un nouveau chiffre qui relance le sujet : 34% des femmes affirment avoir été victime d’une forme de harcèlement au travail, selon une récente étude Ifop.
Quand les chiffres parlent
Dans les faits, l’étude Ifop montre que 34% des femmes déclarent avoir été victimes au moins une fois de gestes ou commentaires grossiers, et de sifflements. Près de 1 femme sur 5 dit avoir été victime au moins une fois de «contacts physiques légers», comme un effleurement des mains, des cheveux, du visage ou des jambes, et 13% de contacts de type «main aux fesses». 8% des femmes interrogées déclarent avoir subies des pressions psychologiques visant à obtenir un acte de nature sexuelle. Les femmes, mais pas que ! En 2016, 7% des hommesdisaient avoir déjà dû faire face à des paroles ou des gestes relevant du harcèlement sexuel (3% «plusieurs fois» et 4% «une fois»).
Où est la limite ?
Nous n’avons pas tous les mêmes notions de ce qu’est le harcèlement, un sujet qui peut s’avérer très subjectif en fonction de la situation ou des personnes concernées. Nous avons tenté d’apporter une réponse à cette question en nous appuyant sur la loi. Prenons quelques exemples :
- Mettre une main aux fesses d’un(e) collègue n’est pas du harcèlement sexuel, c’est une agression sexuelle
- Siffler un matin un(e) collègue en lui faisant une remarque lubrique n’est, d’un point de vue légal, pas du harcèlement car il n’a eu lieu qu’une seule fois
- Faire du pied sous la table à un(e) collègue est considéré comme du harcèlement car cette situation fait partie d’un code social partagé par tous comme étant de l’ordre de l’intimité
- Faire des propositions sexuelles à un(e) collègue qui refuse implique une répétition, c’est donc du harcèlement. Sachez cependant que jusqu’en 2002 ce n’était pas le cas : quand vous étiez collaborateurs de même niveau, ce genre de comportement n’était pas considéré comme du harcèlement. Ça ne l’était que si la personne avait une hiérarchie supérieure à la vôtre.
Me Isabelle Ayache-Revah confirme que la limite entre lourdeur/maladresse et harcèlement est très subjective.
Au fond, l’important est dans la perception des choses. Si une personne veut faire la cour à un(e) de ses collègues, elle va essayer de faire comprendre son attraction. Harceler, ce n’est pas simplement essayer de faire la causette avec quelqu’un mais insister. La notion de répétition est importante, elle n’est exclue que dans les cas plus graves. Harceler, ce n’est pas faire un compliment mais tomber dans quelque chose d’intrusif, une attitude qui vise à intimider l’autre, à le désarçonner, à l’offenser.
En tant qu’employé(e) que faire ?
Tout comme pour toute forme de harcèlement, il faut le dénoncer. Pour cela il est recommandé, si cela est possible, de conserver toute preuvelaissant présumer votre situation (échanges de mails, sms, lettres, certificats médicaux, arrêts de travail, témoignages…). Viens ensuite la partie la plus délicate : en parler. Vous pouvez vous adresser à :
- votre employeur ou votre manager
- vos représentants du personnel (délégués du personnel, délégués syndicaux, membres du CE ou du CHSCT)
- votre médecin du travail;
- l’inspecteur du travail.
Vous pouvez également faire cette démarche par écrit. Sachez que la dénonciation d’une forme de harcèlement sexuel au travail ne peut être condamnée.
En tant qu’employeur, comment agir ?
Vous êtes chef d’entreprise : vous êtes donc tenu de protéger la santé et la sécurité de vos salariés. Vous êtes alors à même de prendre toutes les mesures de prévention prévues par les articles L. 4121-1 et L. 4121-2 du code du travail telles que des actions d’information et de formation, par exemple. Si des confidences au sujet de harcèlement vous sont faites ou rapportées vous vous devez d’agir efficacement afin que cessent de tels faits. Dans un premier temps il est conseillé de mener une enquête afin de venir vérifier la situation de harcèlement. Tout salarié ayant procédé à des faits de harcèlement sexuel est passible d’une sanction disciplinaire, pouvant aller jusqu’au licenciement. Le harcèlement sexuel au travail est certes un sujet d’actualité, mais c’est avant tout un sujet de société.